Le placard de l'Avare (Christine)
VALERE
Hé quoi ? Charmante Elise, vous devenez mesquine,
après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de
votre placard ? Je
vous vois sceptique, hélas
! Au milieu de ma joie. Est-ce du regret, dites-moi, de m'avoir fait heureux,
et vous repentez-vous de cette offrande où mes sollicitations ont pu vous contraindre ?
ELISE
Non, Valère, je ne puis pas me repentir de tout ce que je fais pour vous. Je
m'y sens obligée par une trop douce puissance, et je n'ai pas même la
force de souhaiter que les choses ne fussent pas.
Mais, à vous dire vrai, le succès me donne de l'orgueil, et je crains fort de vous aimer un peu plus
que je ne devrais.
VALERE
Hé ! Que pouvez-vous craindre, Elise, dans les charités que vous avez pour moi?
ELISE
Hélas! cent choses à la fois : la surveillance d'un père,
les reproches d'une famille, les doléances
du monde ; mais plus que tout, Valère, le changement de votre
cœur, et cette froideur criminelle dont ceux de votre catégorie payent le plus souvent les
témoignages trop ardents d'une innocente pitance.
VALERE
Ah! Ne me faites pas ce tort de juger de moi par les autres. Soupçonnez-moi de
tout, Elise, plutôt que de manquer à ce que je vous réclame. Je vous aime trop pour
cela, et mon amour pour vous durera autant que ma vie.
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