‘Rosine’ m’a dit… (Pivoine Blanche)
En hommage à Antoine Wiertz, peintre.
Rosine, toute en satin d’ivoire et jupons empesés, depuis le bas de soie et la pointe de l’escarpin, jusqu’à l’insolence du bibi voilé de sombre sépia, Rosine espère, chaque samedi matin, dans l’ombre du Vieux marché de N***.
Le terne macadam des journées de fer laisse deviner, par ses fenêtres molles, un pavé haussmanien parfumé, sensuel et complice. La voilà qui sonne enfin, domptée, libérée, l’unique heure entre chien et loup, pour ces pauvres hommes aux savates nouées, que pourrissent tant d’espérances, avant que de s’éteindre.
Petit à petit, dès le dernier atelier clos sur ses portes d’acier; dès l’apparition de l’absinthe, sur des zincs minuscules, une sulfure, un brin de pavot, une couleur assassine, métamorphosent la trogne ouvrière la plus grise, en une promesse de tableau rougeoyant, tous vernis avivés.
Lèvres pourpre des femmes, retenant le sexe avec art, mystère délicieux des alcôves et des plaisirs de Sodome, dents de nacre ou d’ivoire, longs éclats d’émail lascifs, angelots verdissants et rosés, pétris de cellulite, dentelles qui s’étirent et caracolent, crissement de la tarlatane, tiges tendues des corsets, lingeries de trois sous…
Sous la pluie métallique des crinolines, tout un été d’agonie à l’aube des rochers.
Ce fut ainsi. La Pieuvre Libertine épousa Libido dans les ruelles namuroises, la mignotant, telle une fraise succulente, innombrable et charnelle. L’insatiable appétit de la ville, gâteau pétri de chair et de crème, aussi pur qu’une perle de crémant sur la langue, maria ces croupes grossières aux râles des Rosine, des Satine, des Marie et des Jeanne, et l’immensité de leur glorieuse descendance.
Ainsi saigne le Démiurge, las de perpétrer l’homme, jusqu’à l’écoeurement. Verges vannées de lin, fouets du dieu de la luxure, du percepteur, des maquisards, des Vierges, des déments de Novembre.
Et de la quintessence humaine.
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