13 à la douzaine (Traces)
En guise de préambule, je répondrai au gardien qui évoque les jeux des surréalistes, que 13 mots choisis au hasard peuvent également permettre de narrer avec réalisme un épisode de notre vie.
C’est avec Oxymore que j’ai crée un premier lien dans la blogosphère. J’ai salué la première ce blogueur canadien parce qu’il proposait un exposé très complet sur cette figure de style, centrale chez René Char qui, comme chacun sait est l’un de mes poètes préférés. Et puis voilà qu’un trublion m’a fait rapidement fuir de msn blog qui m’hébergeait alors. Inutile de vous raconter en détails cette altercation.
Disons pour résumer que sans même me livrer à un quelconque piratage, je découvris dans mon ordinateur la boîte à lettres de mon compagnon qu’il avait par mégarde laissée ouverte. Je ne pus bien sûr m’empêcher de lire sa correspondance et je découvris alors que l’oaristys dont je pensais être l’unique destinataire se dupliquait à l’infini . Vous savez comment sont les femmes ! Magnanimes bien souvent, mais furies dès qu’elles se sentent trahies. Aussi ma réaction fut-elle plutôt vive comme je vous laisse l’imaginer.
Pour se venger de mon indiscrétion et parce que son aboulie boulimique avait été découverte, mon camarade décida de hanter mon blog. Pour lui échapper, je ne sus trouver d’autres solutions que d’abandonner mes velléités de diariste. Oxymore en fut contrarié. Il me reprocha ma fuite, voire ma lâcheté et je perdis son amitié. Quel pataquès me direz-vous, et vous n’aurez pas tort. Toujours est-il que je rouvris mes livres et retrouvai René. Je tombai sur une anecdote qui me mit en joie et renouai du même coup et à double titre avec la serendipité.
Vous l’ai-je déjà raconté ? Savez-vous que René Char avait trouvé un emploi au malheureux « fou de son village » dont tous se moquaient en prétendant qu’il ne savait rien faire? René sut distinguer en cet homme là, un imitateur sans pareil du croassement des rainettes.
Or, notre poète avait une mare en son jardin mais les batraciens chantaient avec tant d’ardeur chaque nuit, qu’il en perdait le sommeil. Il proposa donc à l’homme grenouille de devenir le chef d’orchestre de ce petit peuple responsable de ses insomnies. Celui ci accepta et passa dès lors ses nuits au bord de la mare. Il apprit le silence aux rainettes, gagna du même coup la considération de tous, ce qui le rendit particulièrement heureux et notre poète retrouva le sommeil.
Selon la consigne du 13 à la douzaine n° 2