Déjeuner sur l'herbe (Laudith)
En pleine farniente, allongée dans le sous-bois, j’écoutais un ami qui, ayant abusé un peu trop du vin se trouvant dans le panier repas, déclamait un dithyrambe d’une voix puissante qui avait fait fuir tous les oiseaux des arbres avoisinants. S’apercevant que son poème était loin de m’intéresser, il changea de sujet pour me parler d’anthroposophie sur la déhiscence du petit pois. Je n’en croyais pas mes oreilles, il n’en finissait pas d’entrer dans les détails compliqués dans lesquels j’en perdais mon français, mon latin et mon anglais. Changeant à nouveau de sujet, il m’expliqua même qu’un jour il avait trouvé une chalcopyrite, après l’avoir faite sertie sur une bague, il avait décidé de l’offrir à une femme à qui il venait de donner un baiser en lui avouant l’aimer depuis longtemps, il faut dire que cet ami était l’antonyme de cette femme de toute beauté qui ne s’attendait pas à une telle déclaration de la part de cet homme en qui elle ne voyait qu’une relation amicale, il m’avoua que ce fût un fiasco complet où il prit une belle veste. Confidence faite, je sentis tout à coup dans la main que j’avais appuyée sur une tartine enduite de miel, une sensation bizarre, celle-ci était devenue un cyphonisme faisant la joie d’une bande de fourmis endiablées, poussant des hurlements, je courus jusqu’au ruisseau où je noyais cette bande de cannibales. Atteinte tout à coup d’une crise de taxinomie, je commençais à classifier tous les végétaux environnant cela m’occasionna une irritation des yeux qui me fit ressembler pendant quelques jours à un lapin atteint de myxomatose.